Beaucoup en parlent, nombreux s’en plaignent, mais peu proposent des solutions. La CFDT Agri-Agro est en pointe parmi les organisations syndicales de salariés sur le sujet du réchauffement climatique. Son groupe de travail dédié Les Oranges Vertes étudie le sujet de longue date. Voici les améliorations demandées lors de la négociation en interbranches agricole sur les conditions de travail sur ce sujet primordial.
Lutter contre l’exposition aux fortes températures en limitant la durée de travail aux heures les plus chaudes
28°C pour un travail physique, 30°C pour un travail sédentaire : la CFDT veut poser les limites
Cette mesure de bon sens, mais jamais écrite dans un accord ou un code, est basée sur les recommandations de l’INRS. La CFDT Agri Agro revendique l’obligation d’aménager les horaires de travail en favorisant les heures les moins chaudes de la journée. Cela dans le but de limiter l’exposition à ces fortes températures à quatre heures maximum par jour. A plusieurs reprises, la CFDT Agri Agro a interpellé les autorités sur ce sujet. Cette contrainte pour les employeurs appelle une simple volonté d’organisation du travail. Elle est relativement facile à mettre en œuvre. Parfois faudrait-il juste prévoir un peu d’éclairage en fin de nuit.
Pour permettre la récupération de l’organisme des salariés, les employeurs devraient prendre en charge une journée de congé « fortes chaleurs » supplémentaire en cas d’exposition de plus de 25 heures hebdomadaires. En complément, dans les limites fixées auparavant, les entreprises devraient mettre en œuvre dans un lieu frais des pauses rémunérées d’une demi-heure toutes les deux heures d’exposition. Pour finir, la CFDT Agri Agro demande l’interdiction du travail isolé par forte chaleur.
De l’eau et des protections adaptées, pour des vies sauvées
Une fois les salariés protégés d’une trop longue exposition à la chaleur, il faut réfléchir à la bonne hydratation des corps. Pour cela, la CFDT Agri Agro revendique la mise à disposition obligatoire d’eau potable en quantité suffisante pour équilibrer la perte d’eau liée au stress hydrique. Cela aussi pour éviter la fatigue, les sueurs abondantes, les nausées, les maux de tête, les vertiges ou encore les crampes. Ces symptômes courants doivent être repérés, ils sont parfois précurseurs de la déshydratation ou du coup de chaleur, qui peuvent être mortels.
Une bonne information des salariés en début de contrat reste primordiale, ainsi que des campagnes d’affichage dans les lieux de pause. Et bien évidemment, la fourniture d’une protection anti UV adaptée (peau, tête et yeux) par l’entreprise. Des casquettes grimées avec le logo de la société protègent du soleil et renforcent le sentiment d’appartenance. Un peu de crème solaire et des lunettes de soleil et le tour est joué. Enfin, chaque exploitation doit être en mesure de proposer une gamme d’EPI adaptée à la température, transpirante et légère, même pour les travailleurs saisonniers.
Des intempéries de plus en plus intenses, et des espèces de plus en plus invasives !
Les intempéries sont de plus en plus intenses, comment protéger les salariés ?
Autre conséquence du réchauffement climatique, des intempéries plus intenses. L’actualité permet de constater des pluies diluviennes, des tempêtes de grêle estivales, voire des orages super cellulaires spectaculaires bordés de vents très puissants. Dans ces conditions, encore une fois, le travail isolé doit être interdit. Travailler seul sans possibilité de donner l’alerte dans des conditions extrêmes où les secours sont débordés augmente exponentiellement le risque de décès.
Les productions agricoles nécessitent parfois de travailler sous les intempéries, notamment pour protéger les cultures et les installations. La CFDT Agri Agro en a conscience, mais cela doit être encadré. Par la mise en œuvre de pauses rémunérées d’une demi-heure toutes les deux heures à l’abri, ainsi que la fourniture obligatoire de vêtements adaptés aux intempéries, à la charge de l’entreprise : bottes, tenue de pluie, vêtements imperméables, casque pour la grêle, etc.
Espèces inopportunes d’insectes et de microorganismes, flore renouvelée : allergies maladies, comment s’en prémunir ?
Encore un cadeau du réchauffement climatique, de nouvelles espèces se développent dans les nouveaux écosystèmes. Ce sont parfois des opportunités, mais aussi de nouveaux risques. Les entreprises doivent s’adapter et faire vivre leur DUERP de manière agile. Et par exemple fournir des protections adaptées contre la vermine : moustiques tigres, frelons asiatiques, etc. Et prévenir les allergies liées à l’apparition de nouvelles espèces.
L’anticipation est la clé. Fondée sur une analyse scientifique des évolutions. En collaboration avec la MSA, les organisations syndicales de salariés et d’employeurs, les Chambres d’agriculture et les CPHSCT. L’exemple récent de la Covid-19 a été frappant quant à l’impact d’une épidémie émergeant sur les conditions de vie au travail. La CFDT Agri-Agro souhaite construire les fondations de la capacité d’anticiper des exploitations agricoles, paritairement. La réactivité de l’entreprise en cas d’épidémie est nécessaire pour l’application au plus vite des bonnes procédures pour de bonnes conditions de travail en sécurité.
La canicule accroit les risques professionnels pour les salariés agricoles : accidents et maladie
Les aléas climatiques et météorologiques (canicule, sécheresse, tempêtes, inondations, grêle, gel…) se renforcent. Les risques sanitaires souvent liés à des zoonoses qui y sont associés augmentent également (ex : grippe aviaire, Covid19, Chikungunya…).
Les effets de ces aléas climatiques sur les conditions de travail des salariés agricoles, se constatent déjà régulièrement, en France comme ailleurs dans le monde.
Dans le contexte du changement climatique, les canicules sont de plus en plus fréquentes en France, ce qui interroge notre capacité collective à aménager les conditions de travail pour préserver la santé des salariés. Les risques professionnels associés au changement climatique et aux canicules ont des impacts identifiables sur la santé des salariés agricoles, et peuvent être déclenchés par :
- L’augmentation des températures : risques spécifiques en lien avec la chaleur, mais aussi accentuation des risques existants du fait de la chaleur (risques de chute, risques chimiques, risques routiers, pannes…).
- Des évènements climatiques extrêmes : la sécheresse accroit le risque de déshydratation. Les inondations entrainent des accidents.
- La hausse des rayonnements ultra-violets avec des risques pour la peau (coup de soleil, cancers cutanés) et les yeux (conjonctivites, photokératites, cataractes).
- Des effets des agents biologiques avec une répartition changée des allergènes, des agents pathogènes, des toxines et des insectes.
- Le développement de maladies à transmission vectorielle liées aux moustiques ou encore aux tiques : dengue, maladie de Lyme.
- Une dégradation de la qualité de l’air et de l’eau.
- L’évolution de procédés ou matériaux industriels venant modifier les risques technologiques et les types d’expositions professionnelles.
Naturellement ces changements peuvent avoir aussi des incidences sur les risques psycho-sociaux en suscitant par exemple une plus grande fatigabilité des salariés en raison du stress thermique. Les événements météorologiques extrêmes engendrent aussi une sur-sollicitation des travailleurs dans certains métiers. Un sentiment d’insécurité peut en découler.
Le dialogue dans l’entreprise ou la branche sont les clés de la réussite pour la CFDT Agri-Agro
Une évaluation partagée des décisions prises et une sensibilisation obligatoire sur les risques
L’analyse est fondamentale. Un diagnostic partagé doit être bâti dans chaque entreprise et chaque département, région, filière. Pour bien comprendre, il est important d’avoir les clés adaptées. Une sensibilisation obligatoire de tous les salariés agricoles à l’embauche ou en début d’été sur les risques liés à la chaleur, les signes d’alerte et les mesures de premier secours est pour la CFDT Agri-Agro un prérequis. Forts de ce savoir commun, employeurs et salariés doivent prendre du temps à la saison calme pour réfléchir ensemble à l’avenir.
Quels risques pèsent sur la production ? A court, à moyen, à long terme ? Et sur l’emploi ? Quels sont les besoins de formation ? Quels procédés doit-on adapter ? Avec quel matériel ? A quelle heure doit-on commencer quand il fait très chaud ? Comment organise-t-on les secours en cas de pépin ? Pour la CFDT Agri-Agro, c’est au plus près du terrain que ces questions doivent trouver une réponse. Et ensuite, le dialogue territorial doit trouver des solutions qui peuvent s’appliquer au plus grand nombre, et tisser les partenariats adaptés en termes de connaissance et de financement.
En entreprise, afin de s’adapter et de réduire les risques face aux canicules, les représentants syndicaux CFDT Agri-Agro peuvent agir pour aider les salariés en mobilisant les outils déjà existants : le Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP), qui peut être mis à jour en incluant un volet « Dérèglement climatique » (chaleur, intempéries), le dialogue social et la négociation d’accords collectifs.
Des solutions peuvent être recherchées dans le cadre du dialogue social : les négociations menées par les représentants CFDT Agri-Agro peuvent réduire les expositions professionnelles des salariés en discutant de :
- l’adaptation des heures de travail pour éviter les pics de chaleur extrême,
- l’organisation du travail,
- de nouveaux équipements de protection individuelle pour les salariés…
Pour moins souffrir de la chaleur des canicules : imposer aux employeurs du monde agricole de dialoguer avec leurs salariés et les informer
Repenser les conditions de travail dans le contexte du réchauffement climatique doit être aussi l’occasion d’engager un dialogue avec les salariés pour qu’ils indiquent les changements et les difficultés qu’ils constatent dans la réalisation de leur travail. Les premiers exposés, ils sont les mieux placés pour être source d’idées et de solutions face à cette nouvelle donne.
Dans les entreprises, un travail entre les employeurs et les représentants des salariés est nécessaire afin d’informer les salariés sur le stress thermique pour les aider à détecter des signes précoces de ce stress et afin de leur donner toutes les consignes utiles en matière de prévention du risque.